Dannielou, champion F5 : « Une fierté différente »

A l’image de Nicolas Cannard en SP05, Marc Antoine Dannielou fut l’auteur d’un retour gagnant cette saison dans le Challenge Funyo. Sa mission ne consistait cependant pas à reprendre ses marques derrière un volant qu’il n’a jamais quitté, mais d’évoluer au sein de sa propre équipe. Le champion F5 nous livre ses impressions.

Le Breton, que le paddock surnomme affectueusement « Marco », est un pilote rapide en piste. Mais également en débit de parole. Jugez plutôt !

Vous connaissez déjà cette sensation d’avoir été sacré dans le Challenge Funyo en 2011. Mais quel sentiment procure cette deuxième couronne ? On vous a senti très ému sur le podium de Magny-Cours.

C’est une fierté différente. En 2010 j’avais roulé dans le Challenge avec une F4, et en 2011, avec la F5, c’était dans la continuité avec une voiture dans laquelle j’ai pris beaucoup de plaisir. Il y avait déjà un très bon niveau avec Nicolas Cannard et François Hériau, mais j’avais pu profiter d’un bon entourage pour soigner ma mécanique. Cette année c’était différent et j’ai ressenti beaucoup d’émotion, car j’ai dû me battre sur tous les plans. Lors de la Course 2 de Magny-Cours, par exemple, je n’avais plus de freins, mais j’ai tout donné, même si c’était pour terminer dernier et ne marquer qu’un point. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé. Tout au long de cette manche, je n’ai cessé de penser aux personnes atteintes de la sclérose en plaque, et qui parfois le matin ne peuvent pas se lever. Il leur faut pourtant aller au bout de la journée, et ils y parviennent. Avec la cause que je porte, il était impossible pour moi de baisser les bras et j’ai appris à leur contact qu’il faut toujours aller au bout de tout ce qu’on entreprend. C’est ainsi qu’en Course 3, j’ai remonté un à un mes concurrents pour finir par gagner. Il n’y a pas beaucoup mieux en terme d’adrénaline et c’est pour cela que j’ai craqué sur le podium.

Vous avez souhaité relever le défi de monter votre propre structure et d’assurer toute l’intendance avec votre père. Votre été fut d’ailleurs consacré à la mécanique…

Cette année j’ai en effet tout fait moi-même et il a fallu consentir faire des efforts pour acheter la voiture, investir au fur et à mesure dans l’équipe… Je n’ai par exemple eu de clé dynamo qu’à la deuxième course, une clé à choc en fin de saison… J’ai également eu mon lot de galères, et il m’a fallu travailler énormément sur l’auto. Trouver les problèmes, les solutionner… C’est donc très différent que d’être choyé par une équipe et de n’avoir qu’à monter dans la voiture pour rouler. Depuis que j’ai découvert la Funyo, j’avais cette volonté de monter mon équipe, car c’est un championnat que j’ai beaucoup apprécié, l’ambiance est formidable, et selon moi il peut être assimilé comme le premier échelon vers les 24 Heures du Mans. Le proto est facile d’accès pour tout le monde, novice ou confirmé, et il ne coûte pas très cher. Cela permet de se faire sa petite expérience.

Vous défendez par ailleurs une noble cause avec Défi Auto Solidaires en Peloton. Pouvez-vous nous expliquer la raison ?

Je porte en effet les couleurs de l’ARSEP, la fondation pour la recherche sur la sclérose en plaque. En 2013, par l’intermédiaire de l’un de mes sponsors, j’ai eu l’opportunité de rencontrer Bernard Gentric, le vice-président de la fondation. Nous avons discuté, et j’ai découvert un homme qui m’a véritablement ému en tant que personne. C’est un ancien marathonien qui, avant 30 ans, s’est vu diagnostiquer la maladie, et qui s’était donné comme challenge de participer au marathon de Paris pour ses 50 ans. La sclérose en plaque atteint le système nerveux, les muscles peuvent être totalement bloqués, il peut être difficile de bouger, et ce n’était donc pas gagné d’avance. Mais par sa force de caractère, il s’est battu, s’y est préparé, et il l’a fait. Il le raconte tellement bien et il est tellement investi que ça motive à défendre sa cause et celle de l’ARSEP. On doit avoir beaucoup de respect pour ces personnes, ils ont un mental de fou et ont beaucoup de chose à nous apprendre sur la vie. Ils méritent un grand coup de chapeau et nous transmettent l’envie de communiquer pour eux.

Sportivement, la lutte a été intense avec Renaud Malinconi qui totalise 16 victoires, mais également avec Alexandre Barbiat !

Ce fut très serré tout au long de l’année, c’est vrai. J’ai eu un peu de mal lors des premières courses, car je découvrais mon matériel qui avait déjà quelques saisons dans les roues. La voiture n’était pas au niveau que j’attendais et il a fallu tout reprendre. Ce que je n’ai pu faire que cet été. C’est d’ailleurs à partir de Jarama, à la rentrée, que je me suis montré le plus performant. Renaud est un excellent pilote, il l’a souligné par ses victoires et lors des saisons précédentes. Alexandre est lui aussi un jeune très rapide. C’est très positif pour lui de terminer sur le podium de sa première saison complète dans le championnat, devant des concurrents rompus à la discipline. Il lui reste de l’expérience à prendre, mais ça viendra à force de rouler et il sera redoutable. Félicitations également à Jennifer (Michel), qui se classe 4e. Elle n’a pas démérité, loin de là, car il y a quand même du monde derrière, et elle a bien défendu les couleurs d’AGR Bleu Mercure. Sportivement, cette saison fut vraiment belle, dans l’esprit du Challenge.

Quels points positifs, et négatifs, retenez-vous de cette saison ?

Que du positif ! Même les petits points négatifs que l’on a pu rencontrer, il faut les transformer en positif pour aller de l’avant. J’ai réappris la mécanique, encore pris de l’expérience, décroché un deuxième titre en Funyo… Comme j’ai dit à Yves (Orhant, le constructeur du prototype), il va falloir qu’il m’embauche en tant que pilote officiel ! (il rit) Plus sérieusement, pour la première année d’une écurie naissante, avec les couleurs qu’on porte, c’est super. Cette couronne va me permettre de communiquer pour trouver des financements en prévision de la saison prochaine.

A ce sujet, quels sont vos projets ?

Me concernant, j’ai différents contacts pour prendre, en tant que pilote, une nouvelle direction vers une catégorie plus élevée. On verra si cela peut aboutir. Mais pour l’équipe, l’objectif sera maintenant d’essayer de trouver des clients pour occuper le baquet de mes deux autos, et pourquoi pas trouver des propriétaires de Funyo qui auraient le souhait de me confier l’exploitation de leur voiture. En restant à petite échelle, mais en faisant les choses bien, j’ai envie de partager ma passion et mon expérience. Il y a possibilité de trouver sa place au sein de ce paddock. Et qu’y avait-il de mieux pour démontrer notre potentiel que de terminer vainqueur du Challenge ?

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