Henri Leconte : « Le V de V, c’est ma famille ! »

Son retour était attendu. Mais Henri Leconte avait tout aussi hâte de reprendre le chemin des circuits et de retrouver le volant de la TVR 200 Griffith qu’il a partagé, le temps d’un week-end au Mans, avec Eric Van de Vyver et Patrick Brossard. L’ancien tennisman et commentateur sur Eurosport nous livre ses impressions sur cette aventure conclue… sur le podium.

Henri, après plus de 15 ans d’absence, étiez-vous impatient de vous glisser à nouveau dans le baquet de la TVR ?

Oh oui ! Il me tardait de pouvoir la dompter encore mieux qu’avant. C’était un grand plaisir quand Eric m’a rappelé et m’a dit : « Viens ! ». J’ai pris plaisir à rouler avec la TVR, à prendre mon temps pour reprendre mes marques. Et je ne pouvais rêver mieux que le résultat qui m’attendait en fin de meeting.

Comment vous êtes-vous préparé à ce retour en piste ?

De manière professionnelle ! Nouveau casque, nouvelle combinaison… (rires) Plus sérieusement, j’ai repris le volant d’un karting, en compagnie de mon fils. Nous sommes allés au Paris Kart Indoor de Wissous et je tiens à ce sujet à remercier Dominique Bouley et toute son équipe pour leur accueil et leur professionnalisme. C’est la meilleure école et un parfait moyen de se remettre dans le bain. Je voulais être fin prêt et retrouver les bases de trajectoires, de freinage… Eric m’avait dit d’y aller doucement, de progresser, et je l’ai écouté. Ses conseils m’ont été bénéfiques.

Heureux, également, de retrouver l’ambiance du paddock V de V ?

Oh oui ! Le V de V, c’est ma famille. C’était un plaisir de retrouver autant de personnes passionnées par l’événement. Ça a beaucoup évolué depuis ma dernière venue. Eric est un grand professionnel. Il met un point d’honneur à ce que tout soit parfait, et notamment en matière de sécurité. Cela s’est confirmé au Mans (en monoplace), avec l’intervention du staff médical qui a parfaitement pris en charge le pilote. Cela fait la différence par rapport à de nombreuses disciplines. Mais ce qui me marque toujours, à chaque fois, c’est la convivialité. C’est un plaisir de pouvoir côtoyer les pilotes et leurs écuries, que ce soit en VHC ou en moderne, un univers très pro. J’ai revu des gens comme Bernard Moreau, que j’appelle le Ron Dennis du VHC ! L’ambiance est géniale, il y a de la bagarre en piste mais ça reste propre… On ne joue pas notre vie, il y a du respect, du partage, et ça plait. Tout le monde devrait connaître le V de V.

Racontez-nous vos impressions sur cette voiture légère et propulsée par un V8 de 450 chevaux !

Il y a de la puissance, il faut être très doux avec l’auto, et surtout bien accélérer quand les roues sont droites. Le freinage est très limité, et heureusement qu’il y a des disques ! C’est comme confier une Viper ou une AC Cobra au commun des mortels pour un usage quotidien sous la pluie. Il n’y a absolument aucune assistance, c’est toi qui doit véritablement tout gérer et te battre avec l’auto. Il y a énormément de couple et il ne faut absolument pas se rater, sinon c’est le bac à gravier assuré. J’ai plaisir à rouler avec Eric et Patrick (Brossard). La voiture est saine, sécurisé, et on s’éclate… même si on a du mal à rentrer dedans ! (rires)

Comment se sont déroulés vos premiers tours de roues, en essais libres, le samedi matin ?

Je vais être franc, je n’en menais pas large ! J’étais concentré et à l’écoute. Il faut rester humble, car c’est une auto qu’il faut apprivoiser et on n’en prend la mesure que lorsqu’on l’a pilotée depuis un certain temps. C’est comme un fauve. Il faut savoir la dompter en sachant qu’à un certain moment, tout peut arriver. Qu’il peut ne plus y avoir de freins, que si on accélère trop tôt ça peut être la punition… Il faut être doux.

Les qualifications ont été particulières, avec une pluie diluvienne, qui vous a conduit à adopter la prudence. La première manche, le lendemain matin, ne s’est pas déroulée dans des conditions plus clémentes… Avez-vous tout de même pris du plaisir ?

Totalement ! Si en deuxième course j’ai pu attaquer un peu plus car la piste était enfin sèche, je me suis attaché durant celle-ci à ne pas dépasser 5000 tr/min, en essayant de comprendre son comportement sous la pluie. Quand tu reprends la compétition, il faut y aller doucement pour trouver tes repères. Comme dans tout sport, il faut savoir anticiper, car ce que tu perds, tu le payes à la fin. Le rythme était ensuite meilleur en Course 2. J’avais suffisamment confiance pour repousser mes freinages, remettre un coup de gaz afin de placer l’auto, améliorant tous après tours car je la connaissais – ainsi que le circuit – de mieux en mieux.

Et vous avez eu l’honneur d’un podium au Mans, avec la deuxième place en GT. Satisfait ?

J’étais à deux doigts de verser ma petite larme… C’est fabuleux de monter sur le podium dans un tel endroit avec Patrick Brossard. On a beau être sportif, avoir gagné des choses fantastiques, quand on est entouré d’une équipe, c’est un sentiment très fort. Je voyais un 2 sur le panneau, mais je pensais que j’étais 20e. Je me disais c’est bien, je progresse, j’étais content. A l’arrivée je ne savais pas quel était mon classement, et quand on m’a garé sous le podium, que Stéphane, mon mécanicien, m’est tombé dans les bras en me disant « tu es 2e, c’est fabuleux ! », j’ai été submergé par l’émotion. Il y a tellement de passion et de reconnaissance de la part des gens qui m’ont fait confiance que je me suis contenu, car comme je l’ai dit, j’aurais bien versé ma larme. C’est un plaisir extraordinaire.

La saison VHC est maintenant arrivée à son terme. Vous reverra-t-on sur les grilles de départs l’an prochain ?

J’espère vivement. Je suis en train d’organiser tout ça avec Eric pour être présent sur un maximum de courses et pouvoir courir avec lui. Mais également pour organiser plusieurs évènements et faire connaître la discipline à d’autres personnes et personnalités pour qu’ils viennent rouler, se faire plaisir, apprendre, et mettre en avant les meetings V de V.

Vous semblez amoureux de la discipline VHC. Qu’est-ce qui vous attire autant dans cette catégorie ?

Ce sont des vraies autos, sans aucune assistance. C’est une affaire de pilote. La voiture se conduit avec le c…, les yeux, le cœur. Il faut aussi être doux avec la mécanique. J’adore le VHC. J’ai déjà eu l’occasion de participer au Monte Carlo Historique grâce à l’organisateur qui m’a fait confiance trois ans de suite et m’a fait rouler sur une Lancia Stratos. J’ai aussi eu la chance de courir sur une Berlinette Alpine d’Erik Comas, au côté de Jean-Pierre Nicolas. Ce sont des moments extraordinaires… et historiques !

Le mot de la fin ?

Je tiens à remercier toute l’équipe d’organisation, Nathalie, Léna, Mélanie, Angélique, Denis, Patrick, Stéphane mon mécanicien, tous les concurrents pour leur accueil, mais aussi les sponsors qui font que le V de V évolue au fil du temps. Et bien sûr Eric Van de Vyver, qui est un homme au grand cœur et généreux.

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